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05.01.2022
Nouvelles perspectives sur les théories du complot et les épidémies
Que peut nous apprendre une étude de cas concernant le virus Ebola à propos des théories du complot et des épidémies ? C'est la question sur laquelle Jules Villa, doctorant au médialab de Sciences Po, s'est penché.
Dans un article publié par Cogito, la revue de recherche de Sciences Po, il nous montre comment les théories du complot peuvent constituer ce que l'anthropologue et médecin Didier Fassin appelle "une fenêtre sur le monde" en proposant, comme le formule Villa, "une meilleure compréhension des relations de pouvoir et des inégalités, des rapports à la science et à l'autorité, et de la mémoire des événements passés".
Tout au long de son article, Jules Villa démontre comment un historique d'instabilité et d'insécurité peut planter les graines de la montée des théories du complot à travers une série d'entretiens qu'il a mené dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en République démocratique du Congo. Selon lui, dans des contextes de manque de confiance envers les institutions, des maladies comme Ebola peuvent (et ont) été soupçonnées d'être utilisées comme un outil politique au détriment des populations locales.
Une prise de conscience par rapport aux origines socio-historiques des théories du complot est essentielle pour éviter que les personnes en position de pouvoir ne les utilisent contre des groupes vulnérables, d'où l'intérêt d'en faire un sujet d'étude et de débat.
Pour reprendre ses termes, "les théories du complot nous permettent d'accéder à un discours sur le monde. Il s'agit d'écouter ce qu'elles ont à nous dire et de les étudier en tant qu'objets sociaux. Le rapport des dominés au pouvoir, à l'industrie pharmaceutique, à la mondialisation néolibérale et à la dynamique des interventions sanitaires mondiales est ainsi éclairé par ces histoires, en tant que récits d'expériences passées et présentes".
L'équipe éditoriale de Sciences Po
